DES LIVRES pour avancer
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Les paysans du XXIe siècle. Mouvements de repaysanisation dans l’Europe d’aujourd’huiSociété | Jan Douwe Van der Ploeg | Éd. Charles Léopold Mayer, 2014 [trad. du néerlandais par Agnès El Kaïm], 214 p., 19 € Par Clémence Guimont | 6 juin 2014 |
Jan Douwe Van der Ploeg, sociologue néerlandais, propose une réhabilitation du monde paysan. Il relève sa capacité de résilience face à une crise agraire en devenir. Son approche originale réconcilie économie, sociologie et agronomie pour mieux comprendre le renouvellement des acteurs du monde agricole. Il souligne de façon détaillée comment l’implantation des empires alimentaires risque d’être responsable de la crise agraire à venir. Cette notion d’empire alimentaire permet de caractériser la firme agroindustrielle, qui homogénéise l’ensemble de la filière alimentaire, diminue la résilience des écosystèmes, réduit les capacités d’initiative des agriculteurs et accroît la volatilité des prix. Seuls les atouts de la paysannerie sont à même de réconcilier l’environnement et la production agricole pour un système alimentaire plus équilibré. L’autonomie des paysans doit leur permettre d’échapper aux contraintes de production dictées par ces empires qui contrôlent de la semence jusqu’à la distribution des produits. On appréciera particulièrement la description du mode d’organisation des paysans (en coopératives) avec l’exemple des NFW (Noardlike Fryske Walden) néerlandaises (chapitre V). Cette analyse de la repaysanisation contient cependant quelques zones d’ombre. Si le sociologue souligne à plusieurs reprises de « larges zones grises » entre l’agriculture paysanne autonome et l’agriculture entrepreneuriale, il s’efforce surtout de catégoriser chacun de ces deux modèles de façon systématique. D’où, parfois, une vision manichéenne du monde agricole. Or les modèles agricoles contemporains s’hybrident et troublent les frontières. Les arguments en faveur d’une repaysanisation comme solution à la crise agraire sont convaincants. Mais, faute d’analyse empirique de son développement, un doute demeure : l’auteur semble surestimer l’essor de ces mouvements dans un monde agricole aujourd’hui largement dominé par l’agriculture de firme et par son référentiel modernisateur. |
La Riposte des paysans
Silvia PÉREZ-VITORIA
SILVIA PÉREZ-VITORIA